NCAA- du changement à prévoir pour la saison 2025?
Le football universitaire américain est un grand marasme où la NCAA, organisme censé être en charge du sport universitaire aux Etats-Unis, n'a au final plus aucune influence. Jadis, pouvoir exécutif et judiciaire, respectée et crainte, la NCAA a depuis perdu de sa superbe et continue d’être trainée en justice et de perdre tous leurs procès, incapable d'appliquer la moindre modification voire sanction sans être ensuite débouter par la justice ordinaire.
Beaucoup de bruit lors des dernières semaines de l'autre côté de l'atlantique avec de nombreuses reunions sur des propositions cherchant à faire évoluer un sport clairement en pleine croissance, malgré le buzz permanent.
Un nouveau système de têtes de série pour les play-offs
Un an seulement après l'introduction du nouveau format des play-offs, les commissionnaires des 10 conférences membres de la 1ère division de la NCAA votaient à l’unanimité pour changer le système de désignation des têtes de série. Alors que la saison dernière, les champions des 4 meilleures conférences étaient directement qualifiés pour les 1/4 de finales et étaient donc exemptés du 1er tour des play-offs, en 2025 ce seront les 4 meilleures équipes de la saison régulière qui obtiendront un "bye week" et iront donc directement en quart. Cette modification fait les affaires de l’université de Notre Dame, qui est indépendante et ne fait donc partie d'aucune conférence, et qui pourrait se qualifier directement pour les 1/4 de finale (à condition de finir la saison dans le top 4).
Un nouveau format à venir
Cette semaine les principaux acteurs des universités membres de la toute puissante conférence SEC se reunissaient en Floride afin de discuter plusieurs dossiers brûlants. Conscients de faire parti de la meilleure conférence du foot US universitaire, les membres de la SEC souhaitent modifier le format des play-offs, sans trop se soucier de ce que pensent les autres conférences. Afin de presque toutes, car Greg Sankey, commissionaire de la SEC peut compter sur Tony Petitti, son homologue du Big 10- autre conférence tout-puissante- , pour gouverner le football universitaire américain comme bon leur semble.Les 2 commissionaires sont d'ailleurs d'accord sur une éventuelle expansion du format actuel des play-offs et plaident pour passer de 12 à 14 voire 16 participants. Mais ce n'est le nombre total d'équipes qui intéressent Sanky et Petitti, sinon combien d'équipes issues de leur conférence respective prendront part aux play-offs. Pour cela, les 2 hommes souhaitent avoir au moins 4 places automatiques chacun, soit 4 pour la SEC et 4 également pour le BIG 10. Les autres conférences se partageraient alors les restes: 2 places pour le Big XII, 2 pour la ACC, une pour le champion du Mountain West ou du revenant PAC 12, sans oublier une place pour Notre Dame, université indépendante donc.
Ce modèle ne satisfait bien évidemment pas les autres conférences, alors qu'une autre proposition de format pourrait aider tout ce beau monde à trouver un terrain d'entente: passer directement à 16 équipes en play-offs avec un format de 5+ 11. Les champions des 5 meilleures conférences seraient qualifiées, ainsi que les 11 autres équipes finissant la saison régulière en haut du classement. Ce format pourrait même permettre aux Sacro-saints SEC et Big 10 d'avoir peut-être plus de 4 équipes chacune en play-offs. Aucune décision finale n'a été prise mais cette dernière suggestion pourrait bien être la bonne, satisfaisant tout le monde et évitant de créer un fossé encore plus grand entre SEC-Big 10 et le reste de la NCAA.
Bientôt 9 matchs entre équipes de la conference SEC par saison?
Au menu aussi lors de la réunion annuelle des membres de la SEC, la possibilité de passer à 9 confrontations entre équipes de la SEC par saison a été à nouveau discutée. Pour rappel, les équipes de NCAA disputent 12 matchs de saison régulière dont 8 ou 9 contre des rivaux de la même conference. Alors que les membres du Big 10 et Big XII affrontent chacune 9 rivaux de leur conférence respective, d'autres conférences comme l'ACC et la SEC restent cantonnées à 8 matches depuis des années. Le commissionaire Sankey est partisan des 9 matchs par saison entre équipes de SEC, argumentant que cela augmenterait les chances pour les membres de sa conférence d’accéder aux play-offs, étant donné le niveau extrêmement compétitif de la SEC. Officieusement, ce serait surtout une autre manière de rentrer encore plus d'argent avec les droits télé.Seul problème pour Sankey, les directeurs athlétiques et entraîneurs de la SEC ne voient pas les choses de la même façon, conscients qu'un rival de plus de la même conférence sur le calendrier risquerait d'hypothéquer leurs chances d’accéder aux play-offs. N'oublions pas qu'avec 3 défaites en 12 rencontres, des équipes comme Ole Miss, Alabama et South Carolina restaient sur le carreau en 2024 et voyaient les play-offs à la télé.
D'autres voix autorisées du college football, telles que Brian Kelly, le coach de LSU, affirment que la plupart des entraîneurs de la SEC souhaiteraient plutôt des confrontations contre des équipes du Big 10. Une idée qui fait saliver d'avance les fans de gridiron: qui ne souhaiterait pas voir plus souvent des Michigan vs Alabama ou des Georgia vs Ohio State?
Du changement dans les périodes de transferts?
Autre sujet épineux, celui du portail des transferts. A l'heure actuelle, il existe 2 fenêtres de transferts, alignées sur le calendrier universitaire américain: en décembre et en avril. Sachant que les athlètes ne sont pas sous contrat avec leur universités car ils sont avant tout des étudiants, il est très facile pour eux de changer université.Afin de récupérer le contrôle sur le marché des transferts, devenu un veritable cirque, avec des athlètes se transférant chaque saison et/ ou qui jouent pour 3, 4 voire 5 équipes durant leur cursus universitaire, les principaux dirigeants voudraient passer à une seule fenêtre des transferts. La possibilité de rejoindre un programme plus huppé et de gagner plus d'argent grâce au contrats de sponsoring (le fameux NIL: Name, Image & Likeness) encourage ces transferts.
La question qui divise tout le monde reste de trouver un accord sur la période de l’année pour ouvrir ce portail des transferts. Le president de la NCAA Charlie Baker insiste que cette fenêtre doit respecter le calendrier universitaire et il semblerait que le mois de janvier (10 jours en début de mois) soit l'option favorisée par la majorité des directeurs athlétiques et entraîneurs. Tout en sachant très bien que cette période coïnciderait avec les play-offs, défavorisant les équipes encore engagées.
Une Nouvelle commission pour le gérer le college football?
Une proposition gagnait beaucoup de force durant le mois de mai: former une commission pour gérer le football universitaire américain, prenant la place de la NCAA, organisme désuet, un "zombie" qui a perdu toute son influence et son prestige. Sous l'impulsion du sénateur du Texas Ted Cruz et avec le soutien du president Donald Trump, la CSC ou College Sport Commission aurait pour mission de mettre de l'ordre dans un sport en expansion permanente, mais où le lobbying et la lutte pour le pouvoir et l'argent sèment la zizanie et empêchent de régler les nombreux problèmes actuels: la chaos provoqué par les changements constants de conférence, la confusion autour des contrats de sponsoring (NIL) "payant" les joueurs, les périodes de transferts et enfin la bataille sur le format des play-offs.
L’idée d'une nouvelle commission était directement soufflée par Nick Saban, légendaire entraîneur de Alabama et désormais à la retraite, au president Trump lors d'une visite de ce dernier dans cette même université pour la cérémonie de remise des diplômes.
Toutefois, cette option s'est refroidie depuis et beaucoup d’universités et dirigeants ne souhaitent pas voir la politique se mêler de leur sport. Même Nick Saban aurait changé d’avis et a pris ses distances avec la possibilité de créer et de prendre part à une nouvelle commission pour régir le foot US universitaire.
D'ailleurs, Greg Sankey et la SEC sortaient leur gros bras et menaçaient indirectement de quitter la NCAA en affirmant pour lui et les autres commissionaires du Power 4 (les 4 plus grandes conférences: SEC, Big 10, Big XII et ACC), la question de rester en NCAA se posait. Conscients de la position plus que fragilisée de la NCAA, les dirigeants de ces 4 conférences ont un but en commun, qui est d'obtenir plus de pouvoir sur les questions economiques et décisionnaires; en bref, être à la barre du vaisseau et gérer le sport un peu comme ils le souhaitent.